jeudi 25 septembre 2014

LES 10 COMMANDEMENTS



Je pense à toutes ces années, toutes ces histoires,  un peu dingues ou un peu moins. Elles sont là, elles existent. Elles font partie de ma vie.

Je sais seulement que je ne dois pas regretter, que je ne dois rien regretter. Je n’ai pas le choix. Aussi imparfaites qu’invraisemblables parfois, ces histoires-là sont la vie elle-même. Elles font de moi un être vivant.

Oui, un grand vertige et le grand saut, tomber pour tout perdre, sans que rien d’autre pourtant ne cesse.

Qui n’a pas vécu cela ?

C’est tout le reste, tout ce qui demeure inchangé, qui peut rendre fou, parce qu’à l’intérieur de vous, tout semble différent, dévasté. Le plus déstabilisant alors, c’est qu’il n’y a que dans cet intérieur là que cette dévastation est palpable, tangible, presque raisonnable. Elle échappe à la résidence du Monde, devenant pourtant le cœur même de Celui dans lequel on doit vivre.

Si nous échouons là où nous supposions que l’entreprise était juste, comment ne pas remettre en cause sa propre patrie, son domicile d’homme ?

Peut-être et simplement, en allant chercher encore, au-delà des injustices, des pas de bol tu t’es planté et encore t’as pas fini mec, parce que tu tentes, parce que tu vibres, et ce n’est surtout pas un alibi et tu sais quoi, l’avenir s’en cogne.

Hé oui, t’es certainement plus assez fort pour conquérir le monde ! C’est fâcheux, certes, mais t’as vu la gueule qu’il a, le monde ?

Et pourquoi devrais-tu seulement t’en soucier, alors qu’il te reste encore à entreprendre la plus grande des conquêtes : celle de toi-même.

Ces épisodes, des plus prometteurs aux plus chaotiques, sont la substance de vivre et, à l’heure qu’il est, tandis que le jour ne tardera pas à poindre, la seule matière que je puisse abreuver.

Je suis une bête et un être humain. L’amour n’a jamais été inconcevable.  Il ne le sera jamais. Il n’a pas dit son dernier mot.

Y’a t-il seulement un ailleurs, un plus tard, un autrement qui puisse être différent, si nous ne changeons pas ? Ne sommes-nous que quelques-uns à poser ce genre de questions ? Je ne le crois pas. Je me trompe peut-être.

Faudrait-il aussi se résigner à oublier les rêves de notre jeunesse, ceux d’une époque où le rêve lui-même ne pouvait être compromis. Ce n’est pas une question d’adolescence écornée, mais de résignation. Et à cette dernière,  on peut encore dire non.  

Un an passe ou une décade, en un seul souffle, si vertigineux, qu’on n’évite pas le piège du compte à rebours. Mais on doit pouvoir compter autrement.

J’ai beau avoir quarante ans, c’est bien une vie entière que je veux pour demain. Je crois encore à quelques rêves et il se pourrait bien que j’ai raison. Même si je ne connais pas la formule, je peux tenter d’apprivoiser cette fourbe appréhension qui fige l’énergie vitale dans un immobilisme qui ne devient qu’une cage de plus.

La raison pour laquelle je peux encore intervenir, c’est que cette cage là n’existe que par moi, mes doutes et le confort inconfortable dans lequel je baigne et me prélasse.

Etre une machine ou cesser de l’être. Crever plus vite ou ne crever pas trop vite. Mourir quand l’heure sera venue. Mais avant cela, et là je cite : décider quoi faire du temps qui nous est imparti. 

Ça colle, bien sûr. Ça fonctionne même suffisamment pour garder les pieds sur terre, en les ancrant en cette planète avec une once supplémentaire d’ardeur et de pragmatisme.

Faudrait-il également à jamais renier sa part de folie ? Je ne le crois pas non plus.

Elle est cette parcelle encore capable de changer la donne. Non pas qu’elle soit globalement assez futée pour s’accaparer à elle seule le bon stratagème, mais de part sa nature, intrinsèquement, devenir le vecteur de la mise en marche, le catalyseur d’un déclic devenu aussi nécessaire qu’indispensable.

Où voulons-nous aller ? Que devons-nous faire pour y parvenir ?


1 - Serrer les dents et pleurer, seulement lorsque personne ne peut vous voir.

2 - Faire le pitre, au lieu de transmettre sa tristesse.

3 - Dire des conneries, autant que l’on peut.

4 - Faire des conneries, tant qu’il y aura des conneries à faire.

5 - Croire au Beau, lorsque tout n’est que mocheté ou ivresse - cela n’arrive presque jamais. Toujours croire en Lui.

6 - Apprendre de la laideur, sans s’inspirer d’elle.

7 - S’impliquer et savoir être seul, sans que la solitude ne soit jamais rempart à l’altruisme.

8 – Savoir ne pas être seul, pourtant lâcher prise.

9 - Dire des trucs sympas, quand la sympathie est véritable.

10 - Enfin, vendre sa culpabilité aux enchères du Monde et puis le regarder, droit dans les yeux, sans honte et sans rancune, au moment précis où il allonge la monnaie. 

mercredi 17 septembre 2014

Les Rafales


Ô, pourpre Violette

Si près de toi mon souffle

De tes lèvres
Qu’apprendras-tu de moi ?

Tous les combats, nos soubresauts ; inaccessibles rafales

Elles nous effleurent, nous parcourent
Elles sont en nous

Accepte leur langage                  

Si loin de moi la Ligne
Vertu aiguisée de toutes les autres barbaries

Esprits incorrompus
Que jamais ne se résignent vos ciels

Ô, poésie

Comme j’ai besoin de toi 


52 Semaines est un projet en commun créé en 2013 avec mon frère Pascal. 
L'une de ses photos, romancée par quelques-uns de mes mots... 


lundi 8 septembre 2014

Le mec en face de toi



Cette photo vient des ténèbres, sans doute la pire époque de ma vie, si l’en fallut une. Deux bonnes années ont passé depuis.

Que veut dire tout ça ? Que raconte la posture ?

La posture signifie qu’il y a un mec en face de toi. Ce mec a toujours cru en toi, même s’il vous arrive de ne pas vous comprendre, de vous décevoir même, en de rares occasions.

Ce sont parmi les petites imperfections de la vie, qu’il faut savoir admettre.

Car la compréhension, ce n’est pas qu’une histoire de mots, que l’on pose comme ça, de manière pertinente. La compréhension, c’est recevoir l’autre, l’aimer encore, même quand tu sais qu’il est tout pourri à l’intérieur, perdu comme une racine à laquelle on aurait arraché son arbre.

L’arbre de vie, mec. L’arbre de vie.

Ce jour-là, juste avant de déclencher, mon frère m’a dit :

- Y’a pas besoin de plus, bro, tu le sais bien, non ? Alors sois toi-même !

On dit bien qu’une leçon en vaut une autre. On se trompe si souvent. L’irrémédiable ne se regrette pas. Il s’assume. 

La posture veut dire qu’il y a mon frère en face de moi, qu’il m’appelle à ne jamais rien lâcher, à ne jamais laisser aux ténèbres plus que la seule part qui leur revient.


52 Semaines est un projet en commun créé en 2013 avec mon frère Pascal. 
L'une de ses photos, romancée par quelques-uns de mes mots...