vendredi 19 juillet 2013

La conscience égarée de Jacques




Je suis la conscience égarée de Jacques. Son ventre mou.

Celui qui tire sur Jacques, à ne percevoir de lui qu’un sourire assassin d’homme sûr de sa condition.

Je méconnais la métaphysique de Jacques ; je suis son idiome fantomatique.

Je reconnais la métamorphose de Jacques ; je me cache derrière son reflet.

J’ai entendu parler du miracle de Jacques : loin au delà de ses propres gestes et actes, est une petite fille qui le regardait avec attention et convoitise. Qu’aurait dû être le mot de l’enfance ? Pour qui existe t-on ? Pourquoi doit-on se battre ?

Dans les rumeurs alentours que Jacques a conçues, il m’a semblé que le bonheur se faisait parfois une place. Se peut-il que la rumeur de Jacques dise vrai ?

Qui accroche à notre cou la seule médaille véritable ?

Jacques doit être heureux à ne savoir que le nécessaire ; essentiellement parce que le nécessaire de Jacques ne se partage sans aucune frivolité, aucune accoutumance.

Il est temps d’armer les purs de couteaux bons à trancher la part de l’esprit vicié, celle qui ne veut pas comprendre qu’il est moins dangereux de vivre que de chercher sans cesse le sens de l’existence.

J’arpente la route cabossée que Jacques n’a pas su prendre, bordée par les nénuphars de l’enfer, menacée par une vertu se réclamant du précipice.

On dirait que Jacques se fiche un peu de moi. Mais celui qui connaît Jacques n’ignore rien de sa mécanique interne, un altruisme excluant toute probité.

Il n’existe pas de dialogue entre Jacques et moi. Nos regards se croisent, une fois la nuit tombée, lorsque l’un s’endort et l’autre s’éveille, relais passé entre un fauve et une  vipère.

Qui prend la nuit ? Qui voudra du jour ? Deux questions qui s’évanouissent à chaque fois, sans ne produire aucun son.

Je parcours maintenant les rêves de la nuit qui s’efface. J’y relis les mêmes chapitres, que Jacques a seulement écrits autrement. Je demande à la lueur du jour si elle voudra bien m’en affranchir. Bienveillante, foi incontestable, elle répond :

- Oui, jusqu’à la nuit prochaine.

Je regarde le Ciel, la leçon que nous donne le Monde chaque jour.  Je frémis un peu. J’ai envie d’une cigarette.

L’écho. Les tempes. Le feu.

Je reconnais la Ligne, par delà la première lueur.  Je la ressens au fond de moi.

Ce n’est pas si mal.