mercredi 19 septembre 2012

Morphée

La Tamarissière.  Mercredi 19 septembre 2012, 19h30. 



Ici est né un grand rêve. 

Ce soir, il y a encore cette boule de feu qui, doucement, au loin, se rapproche de la Ligne.

Les grands rêves ne sont pas la vie, mais peut-être le cœur des hommes ou plus simplement, la part la plus romantique de chacun d’entre nous.

Les jours qui passent, inéluctables, nous les retirent souvent, peu à peu, et puis par fragments entiers ensuite, à  ce point qu’ils peuvent même finir par s’échapper de nous. Du moins, c’est ce que l’on croit.

Comment laisser, et en son âme et son cœur, un grand rêve prendre la place d’un autre ? Comment oublier que les choses les plus simples sont parfois les plus chères ?

On ne parlera pas de prix, puisque nous vivons.

L’unique choix, c’est de vivre ce que nous choisissons, ce que nous avons choisi, aussi inévitablement que rien ne se passera jamais tel qu’on l’avait imaginé.

Il règne ici un calme époustouflant. La mer n’est pas inanimée. Elle vibre, elle bouge, elle ressent. Elle nous emmène ailleurs.

La boule de feu va bientôt embrasser la Terre. Il demeure encore quelques pécheurs. Les caravanes garées sur la digue ont choisi le plus bel endroit. On n’entend rien de la ville et de ses machines. J’ai un peu froid ; je prolonge l’été, en m’habillant comme en été.

Les grands rêves n’existent pas. Nous existons en eux. Si nous les laissons mourir, c’est une part de nous qui meurt avec eux.


mardi 18 septembre 2012

Ce que je crois…




Ce que je crois s’est perdu en cours de route, sans ne pourtant jamais se perdre

Ce que je crois a tout redéfini sans ne rien omettre

Sur le fil d’un temps méconnaissable, ce que je crois a percé cent mystères sans n’en résoudre aucun

Ce que je crois est ce qu’on ne croit plus avec la raison mais avec le cœur seulement

Ce que je crois ira bien me dire qu’il fallait bien que toutes les planches soient brûlées

Ce que je crois est impossible, sans qu’il soit possible de ne pas y croire

Ce que je crois est mon sang, irascible, désordonné, inévitable

Un champ de coquelicots sur une route écarlate

Une esquisse floue dans une bâtisse fondamentale

Une éternelle remise en question…

Ce que je crois est ce que je ne suis plus, ce que j’ai perdu

Ce que je crois est ce que je suis, inexécutable de se soustraire à la chanson de son âme

Ce que je crois a détruit ce qu’on aura bien voulu qu’il détruise

Ce que je crois vivra ou ne vivra pas, dans la certitude qu’il ne cessera jamais de vivre

Ce que je crois n’a pas manqué son coup

Ce que je crois est un chant inimitable, la turbulence majeure

Ce que je crois est l’enseignement d’une vie, de celle qu’il va falloir de nouveau bâtir

Ce que je crois a eu raison de moi, puisque la raison ne m’a jamais appartenue, sous l’auvent d’une feuille qui devient la peau, en la courbe dessinée par les cents mille voyages faits à l’intérieur de soi

Ce que je crois, étoile, un regard au-delà du tangible… Existes-tu ?

Ce que je crois, peut-être écrire encore quelques mots sur la page, puisqu’il y reste encore quelque place, comme si demain ne pouvait pas clamer l’exact contraire

Ce que je crois, c’est au loin et si proche, entendre les chansons de tous ceux qui vous aiment

Ce que je crois, sans ne plus effectivement rien croire, demeure ce que je vois, et ce que je dois…